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Information : concerts hommage à Georges Gay
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Georges GAY
Trompettiste de variétés


D'après l' Article de presse très complet réalisé du vivant de l'Artiste
par Jean Pierre Mathez



L'Histoire de chaque musicien commence presque invariablement de façon semblable, comme le coup d'envoi d'un jeu.
Et puis soudain c'est le déclic, l'évènement d'apparence insignifiante qui va orienter l'existence de chacun vers un destin particulier.

Ainsi celui de Georges Gay, témoin précieux d'une époque exceptionnellement brillante de l'histoire de la musique légère en France.

Né le 11 février 1922, il a bénéficié d'une initiation musicale précoce et sérieuse grâce à son père, clarinettiste et professeur strict et organisé auteur d'une méthode de clarinette réputée. (* Il était aussi chef d'orchestre à Lyon)
"Il m'a appris le solfège dés l'age de 5ans en me faisant participer aux leçons de ses élèves".
A 14 ans Georges Gay avoue à son paternel que la clarinette ne l'intéresse pas tellement, mais que par contre les cuivres et la trompette en particulier lui plairaient plus. (* en fait c'est le trombone qui l'intéressait le plus, mais le destin l'a porté vers la trompette).
Il reçoit spontanément une trompette en Ut de marque Pihan-Lyon et se retrouve dans la classe de Monsieur Odol au Conservatoire de Lyon.
Le pauvre est mort 6 mois plus tard et sa disparition a provoqué un défilé d'intérimaires.
Mon père inquiet de ces changements trop fréquents m'a alors fait travailler en particulier avec Gustave Perret, un retraité hors du commun qui avait fait sa carrière au Boston Symphony aux côtés de Mager, Voisin père et Schmeisser.
C'est grâce à lui que j'ai eu la chance de pouvoir essayer la trompette "Bach" que le célèbre facteur américain lui avait offerte. C'était alors une rareté en France.
Et puis ce fut la guerre ! j'ai tout de même pu travailler au Conservatoire de Lyon avec Eugène Laborde, un excellent professeur auquel je dois d'avoir pu devenir professionnel - mais qui retourna à Paris à la libération et fut remplacé par Alphonse Arletti.
En 1945 marié et attendant son premier enfant (*né en 1946) Georges Gay obtient son premier prix de trompette au Conservatoire et décide un an plus tard de poursuivre ses études à Paris.
Je me suis inscrit dans la classe de Eugène Fauveau, puis de Sabarich, mais je travaillais aussi avec Jean Greffin qui avait succédé à Fauveau au poste de trompette solo à l'Opéra de Paris. C'est lui qui m'a appris à développer mon registre aigu.
J'allais une fois par semaine à Paris tout en travaillant à Lyon avec l'orchestre de la Radio et à l'orchestre de Villeurbanne.
(* Il était aussi avec Fred Gérard trompettiste du "Hot Club de Lyon")

Changement d'orientation

Les restrictions budgétaires des orchestres contraignent le jeune père de famille à chercher du travail ailleurs.
Alix Combelle, chef de Big Band célèbre à l'époque et qui jouait précisément à Lyon avait besoin d'un trompettiste.
Pour Georges Gay, c'est la croisée des chemins. Engagé; il suit Combelle à Paris et les incessants voyages l'obligent bientôt à interrompre ses études. Dés lors on retrouve Georges GAY avec tous les orchestres de variétés ou Bigs Bands de France (* Il a joué avec Aimé Barelli, voir la photo ci-dessus et ci dessous, Jacques Helian, Raymond Legrand, Benny Bennett, Camille Sauvage, Michel legrand, Claude Bolling, Daniel Janin, Bernard Hilda, Paul Mauriat, Jacques Denjean, Raymond Lefebvre, François Rauber, Jean Michel Defaye, Sy Oliver, et plusieurs autres chefs d'orchestre et arrangeurs).

Ici avec Aimé Barelli, de Gauche à droite:
Benny Vasseur, qui deviendra trombone de l'Olympia après 1964

Marcel Simino, un joyeux boute entrain
Aimé Barelli, qui était alors ce que l'on faisait de mieux en Europe en trompette variété; Un film a été tourné avec tout l'orchestre, (délicieusement désuet autour de la vie de l'orchestre, sérieusement ... arrangée
).
Jean Mauclaire, qui a arrêté la trompette pour gérer une entreprise familiale
Georges Gay, 1er trompette chez aimé Barelli


Il a accompagné les plus grandes vedettes du spectacle et participé à d'innombrables enregistrements de disques, musiques de films (*et émissions TV). Son "métier" lui vaut le respect de tous ses collègues.

* il a alors été porté par les musiciens au rang de secrétaire général du syndicat des musicens français, dans une période brulante pour la profession de musicien, puisque il fallait se défendre bec et ongle avec les producteurs TV contre le "Play Back", avec les dérives que cela occasionnait et la mise en péril grave de la notion de musique vivante.
En outre, et c'était sans doute le plus important, l'arrivée du multipiste avait donné des idées aux producteurs de disques de variétés qui voulaient se passer des musiciens en séance d'enregistrement au lieu de payer tout un orchestre, par tranches de quart d'heure en attendant que le ou la chanteuse vedette soit "en place" pour jouer ensemble en une prise.
C'est ainsi qu' à germé dans leurs cerveaux, l'idée des premières banques de sons, sortes d'échantillons musicaux réalisés par catégorie d'instruments sur une mesure ou plus: traits de cordes, riffs de trompettes, accompagnements rythmiques etc... on sait à quel point le déferlement technologique qui a ensuite vu le jour, surtout à partir des années 80 puis de façon exponentielle a dévasté le métier de musicien, les jeunes ayant aujourd'hui une idée complètement faussée de la Musique, pensant que tout est facile, puisque la machine le fait - mais ils ont perdu au passage le parfum essentiel du cheminement en musique qui est tissé de progrès, d'intégration profonde dans l'être tout entier du musicien, de découvertes faites par soi même étape après étape pendant lesquelles le musicien se rend vainqueur des difficultés au fur et à mesure où elles se présentent.
Georges Gay a beaucoup oeuvré pour empêcher cette émergence technologique de faire chavirer le navire "musicien en France" et des lois ont été promulguées pour préserver la qualité de "Musicien".

Durant les années 60 il fallait sur Paris 20 à 25 trompettistes par jour pour satisfaire la demande. Georges Gay gagnait alors facilement 20 000F par mois ( l'équivalent de 60 000FF à 70 000FF actuels ( *plus de 10 000€ ) et jouait à raison de 3 séances minimum par jour (* 4ou 5 le plus souvent).
Les 10 ans qu'il passa à l'Olympia de 1964 à 1974 à l'Orchestre de l'Olympia ( un big band sans chef attitré, constitué de 5 saxophones, 4 trompettes, 3 trombones (*ou 4) 6 violons (*ou bien plus) et une section rythmique complète (* c'est à dire Piano, Contrebasse, Guitare rythmique, Batterie).
Il était le responsable de cet orchestre, auprès de la direction de l'Olympia, des vedettes, des chefs d'orchestre, des studios d'enregistrement ou autres.

"Nous avons accompagné les plus grands artistes de variété de l'époque, Jerry Lewis, Gilbert Becaud (voir photo ci dessous), Charles Aznavour, Trini Lopez, Sammy Davis Junior dans une tournée particulièrement mémorable, Lisa Minelli, Caterina Valente, que j'appréciais tout particulièrement, Zizi Jeanmaire, Guy Marchand, Jacques Brel, Sy Oliver l'arrangeur de Duke Ellington, louis Armstrong, Hines and co, et j'en passe ( vedettes de la chanson de l'époque) ...
Chaque artiste avait son propre chef et c'était un défilé permanent, exaltant ! Il y avait dans cet orchestre de l'Olympia une sacrée équipe de musiciens qui avaient le feu sacré ...
Après les spectacles nous restions souvent en place et répétions pour nous, les thèmes qui nous plaisaient, le plus souvent des morceauc de Count Basie, Duke , Glenn Miller, Stan Kenton, Pete Rugolo et bien d'autres, souvent sur des arrangements de français ou étrangers qui venaient eux mêmes diriger l'orchestre pour voir comment ça sonnait. Je crois qu'ils n'étaient pas mécontents !... C'étaient des moments formidables, que le grand public n'a pas connu, mais qui sont pour nous les musiciens, ce qu'il y a eu de mieux dans notre carrière", c'est l'Olympia qui nous l'a donné !.

Georges GAY

De gauche à droite: Gilbert Becaud, Georges Gay

* Ils jouaient des morceaux typiquement big band, du répertoire de Count Basie, Duke Ellington, Glenn Miller, Stan Kenton, Pete Rugolo, Harry James et bien d'autres.
Les chefs d'orchestre américains ou français comme, Sy Oliver, Jean Michel Defaye, François Rauber, Claude Bolling, Michel Legrand, Ivan Julien, Jacques Denjean, Pierre Michelot, Jean Claude Ric, Paul Mauriat, Raymond Lefebvre, Pierre Dutour, Roger Guerin, se déplaçaient à minuit 1 heure du matin pour venir jouer avec ce fameux de l'Olympia. De nombreux musiciens qui avaient fini leur spectacle au Lido, Moulin Rouge, Casino de Paris, Bobino, Folies Bergères etc ... venaient à toute vitesse pour ne pas rater l'orchestre.
C'est dans ces moments inoubliables pour tous les musiciens participants que l'orchestre de l'Olympia a acquis ses lettres de noblesse de Big Band de l'Olympia, mais big band occulte.
Le Concert du 5 août 2006 en Aveyron , véritable hommage rendu à cette formation et à son leader Georegs Gay a ceci de particulier, qu'il met en scène publiquement la valeur de cet orchestre de l'Olympia, certes avait des jeunes éléments remplaçants ceux qui ne sont plus là, mais dans le même esprit que dans ces années glorieuses.
En 1964, Bruno Coqatrix et Jean Michel Boris avaient décidé de mettre un terme à la valse des remplacements dans l'orchestre le Week end. En effet, avant 1964 les vedettes ne s'y retrouvaient plus, l'orchestre était de qualité très variable selon les jours et se plaignaient à la direction.
Ils ont donc chargé Evelyne Guyot de recenser les meilleurs musiciens de France et de leur proposer un contrat à demeure à l'OLYMPIA, c'est à dire tous les soirs. Ce contrat était très bien payé, il faut dire que l'Olympia était alors célébrissime dans le monde.
C'est comme cela qu' est né un orchestre dont les américains disaient qu'il était sinon le meilleur , mais en tout cas le plus sûr au monde.
   

La vie haletante d'un trompettiste de variété nécessite une discipline de fer.
Georges gay se l'est imposée pour satisfaire sa passion de la musique et pour son équilibre familial.
Tous ces musiciens de variété, (qui a une conotation plutôt péjorative) étaient en fait des musiciens capables de tout faire. Ils se confrontaient à tous les styles et pouvaient faire face à toutes les situations. Certes ils n'étaient pas des Miles Davis ou des Maurice André, mais ils étaient capables de s'adapter très rapidement à des situations très diverses.
A l'époque il n'y avait pas vraiment de cours de jazz ou de swing, il fallait apprendre ça tout seul, c'est pourquoi la génération qui a suivi a eu tant de considération pour l'exemple de leurs ainés.

"C'était dur mais on se marrait bien, tiens par exemple je me souviens d'une soirée de fin d'année avec le chanteur Guy Marchand où j'étais arrivé après une réunion syndicale de musiciens un peu ..." (texte abrégé)
*Chaque fin de tour de chant, les musiciens et la vedette, faisaient des blagues sur scène.
Un soir de dernière de Enrico Macias, Georges Gay est arrivé en petite tenue sur les épaules de Enrico Macias avec un grand chapeau mexicain sur la tête et Enroc lui a passé le micro annonçant au public "le 1er trompette de l'orchestre va chanter à ma place". Et Georges Gay s'est mis à chanter avec une voix de saoulard très avancé la chanson " les millionnaires du Dimanche" accompagné par l'Orchestre" tout le monde était plié de rire > franc succès, Enrico Macias se rappelle encore comment Georges Gay lui a volé la vedette bien malgré lui ce soir là.
Un autre jour, en tournée avec jacques Helian et son grand ami Jean Garrec, (père de Clément Garrec, trompette, supersoliste à l'opéra Bastille et Garnier, professeur au Conservatoire de paris cofilleul de Georges Gay, avec Thibaut), ils arrivent à l'hotel après le spectacle, passablement gais, ils montent dans leur chambre, et là pendant que jean garrec faisait sa toilette, Geoerges Gay, dit gégé, lui cache subrebticement ses vêtements et lorsqu'il arrive dans la chambre en tenue d'Adam, lui jette son matelas dans la rue par facétie. Jean Garrec a du aller nu dans le grand hall de l'hotel, puis dans la rue ou passait des gens revenant du spectacle, il s'est mis tant bien que mal le matelas autour du corps et est rentré dans l'hotel sous l'oeil absourdi des passants et des clients et la rigolade générale, de Georges Gay en particulier. Jean Garrec , très blagueur lui aussi, lui a bien rendu la pareille un peu plus tard sur le même mode.
Il a de nombreuse histoires aussi savoureuses les unes que les autres, avec Tino Rossi, Trenet, Jacques Helian.
Jamais ils ne se sont "engueulés", ils se faisaient naturellement des concessions, en pure amitié.
Une autre histoire, montrant que Georges Gay ne se dérobait pas devant les responsabilités: dans une période de Tournée avec jacques Helian, il avait régné une assez mauvaise atmosphere due à la promiscuité des musiciens, notamment dans les voitures, car ils étaient au moins deux ou trois par voiture. Un soir Jacques helian avait solennellement réuni les musiciens pour leur parler aà l'occasion de la répétition d'avant spectacle du soir et leur dit très irrité: "j'ai un orchestre de .. cons", long silence, puis Georges Gay se lève et non moins solennellement répond à Jacques Helian: " et c'est vous qui en êtes le chef ".

Ce qui restera sans doute le plus de Georges gay au delà de son côté excellent musicien, très fiable dans la parole donnée, sachant merveilleusement bien économiser ses lèvres, blagueur invétéré, leader et rassembleur, c'est le panache généreux mais discret de jouer à la palace de ses copains leur partition, s'ils avaient des probèmes de santé, comme ce fut le cas pendant deux ans pour un trompettiste à l'olympia ( rupture d'anévrisme menaçant toute sa carrière).
Il a aussi beaucoup donné de sa personne et usé de son influence au syndicat pour permettre à l'épouse d'un musicien de l'Olympia décédé en scène ( dans les coulisses, après un malaise cardiaque) de ne pas se retrouver dans le besoin. Il a déployé une énergie considérable auprès des musiciens français pour faire une collecte pour elle. Ce sont des choses qui restent gravées dans les esprits.
Pas étonnant qu'au décès de Georges Gay, les musiciens, y compris les plus jeunes qui ne l'ont pas connu mais on entendu parler de lui, se soient montrés aussi généreusement enthousiastes à l'idée de lui rendre un dernier hommage en reconstituant l'Orchestre de l'OLYMPIA, rebaptisé BIG BAND de l'Olympia avec l'appui inconditionnel de Jean Michel Boris grand patron de l'Olympia et la bénédiction de Arnaud Delbarre, son actuel Patron.
La salle mythique de l'OLYMPIA MUSIC HALL de Paris est inscrite au patrimoine français, à fortiori l'orchestre / big band de l'Olympia qui a façonné ses heures de gloire.


Voici ce que
Jean Michel Boris, ex Patron de l’Olympia,

a écrit au sujet de Georges GAY, le 22 Mai 2006:


« Cher Jacques,
La disparition de ton père a été pour moi un grand chagrin, en effet à travers lui, ce sont sept années magnifiques de la vie de l’Olympia qui disparaissent.
En effet, Gégé, comme on appelait ton père, n’était pas simplement un grand musicien mais aussi il faisait partie des meneurs d’homme. Grâce à lui pendant ces sept années, une ambiance extraordinaire a régné entre ces seize musiciens auxquels se rajoutaient très souvent une douzaine de cordes, si ce n’est pas plus.
Jamais au grand jamais, il n’y eut le moindre problème et si d’aventure, on parle aux quelques survivants de l’orchestre, ils considèrent tous que ce fut une des plus belles périodes de leur vie de musicien et peut-être de leur existence. Tout ça grâce à ton père, aussi lorsque tu m’as fait part de ton intention de faire un évènement en l’honneur de ton père, en reconstituant pour un certain nombre de concerts, l’Orchestre de l’Olympia, je ne pus qu’adhérer à cette idée, pas facile à réaliser et pour laquelle je souhaite que tu trouves toutes les aides dont tu as besoin.
Il est évident que mon aide aussi minime soit-elle, t’est acquise afin de faire de cet évènement une fête inoubliable pour chacun des participants.
Je te souhaite courage et ténacité pour mener à bien ce projet que mérite bien ton père.
Je t’embrasse amicalement.
Jean Michel Boris »




Georges GAY, était à l'époque 1er trompette de Aimé Barelli, dans l'orchestre duquel il a commencé une brillante carrière.
En 1954, Aimé Barelli a inauguré l'Olympia devenu la grande salle de Music hall universellement connue désormais inscrite au Patrimoine Français.

 

 

Georges GAY en voyage lors d'une tournée avec Alix Combelle
Georges GAY sur la fin de sa carrière, il donnait alors de nombreux cours de trompette dans plusieurs Conservatoires, près de Paris et dans les Alpes où il a fini par arrêter de jouer.
Il est ensuite retourné à Lyon sa ville natale et à la mort de son épouse est venu vivre chez son fils Jacques qui a organisé pour lui tout cet hommage à son père, qu'il aime et respecte infiniment.

Ici Jacques GAY dans son studio de Musique/ répétitions / enregistrement, devant sa collection de violons, classiques et jazz, ( qu'il joue dans les deux styles).

Jacques Gay à la console de mixage du Festival Jazzaparc

Jacques Gay, celui qui a reconstitué le Big Band de l'Olympia en 2006



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